L'hôtel Deurbroucq
L'hôtel Deurbroucq, siège du tribunal administratif de Nantes, tire son nom d'une famille de négociants hollandais arrivée à Nantes au début du XVIIIème siècle.
Un armateur du nom de Dominique Deurbroucq passa commande en 1764 d'un hôtel particulier sur l'île Gloriette à Jean-Baptiste Ceineray, qui appartenait à une génération d'architectes dont les plus célèbres furent Clerénau, Boullée, Ledoux, auquel était ainsi confiée la tâche de donner corps au rêve d'une puissante famille parvenue à la noblesse par l'achat d'une charge royale.
L'hôtel Deurbroucq a été reconstruit selon un ordonnancement très rigoureux d'autant plus spectaculaire dans le paysage urbain que, contrairement aux hôtels parisiens implantés en retrait d'une cour, le bâtiment fut directement édifié sur rue et devait en conséquence s'intégrer dans un programme urbanistique, son jardin ayant été conçu à l'arrière. Très rapidement la notoriété de l'hôtel a attiré les élites nantaises qui traversaient les nombreux ponts pour se rendre aux fêtes nocturnes données par les Deurbroucq. A la succession de la veuve de Dominique Deurbroucq en 1784, l'hôtel est scindé en deux lots, le grand et petit hôtel. En 1821, le grand hôtel, resté la propriété des quatre filles de Dominique Deurbroucq, est vendu par leurs héritiers à un négociant en charbons, Paul Métois. Les ventes ultérieures font passer l'hôtel entre les mains de plusieurs négociants et industriels nantais : Dupuy en 1844, puis Godard en 1874, qui l'habitent pour partie et donnent le reste, appartements ou locaux à usage commercial, en location. Désormais son sort était lié à celui des familles bourgeoises de l'industrie nantaise. La famille Grandjouan l'acquiert en 1920 et en reste propriétaire jusqu'à la guerre. Un paysage de bateaux-vapeur, de cheminées et de fabriques s'étendait sur les berges du fleuve. Tout cela avait conduit à la formation, en pleine ville, d'un espace peu salubre et mal commode pour la circulation terrestre. C'est la raison pour laquelle, la municipalité décida en 1926 de combler certains bras de la Loire, en commençant par celui qui passait devant l'hôtel Deurbroucq. Dès 1929, l'île Gloriette n'était plus une île et un autre architecte était chargé de dessiner un projet pour l'aménagement de la place de la Petite Hollande. En septembre 1943, le bombardement du port de Nantes par les forteresses volantes détruisit la totalité de l'aile est du bâtiment ainsi que l'Hôtel-Dieu voisin. Le petit hôtel, c'est à dire l'aile gauche du bâtiment actuel, est acheté par la société Peugeot qui la revend en 1986 au Centre hospitalier régional.
L'immeuble a été inscrit en 1945 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques et acheté en 1949 par le Département de la Loire-Atlantique (alors Loire-Inférieure). Il abrite alors le tribunal de commerce et le conseil de préfecture, ancêtre du tribunal administratif créé en 1952. Témoin de l'épopée révolutionnaire, de l'aventure industrielle et de la guerre totale, l'hôtel Deurbroucq retrouvait un peu de sérénité dans un paysage urbain totalement renouvelé.
La partie du bâtiment qui abrite le tribunal a fait l'objet à partir de 2007 d'importants travaux portant sur une surface totale à rénover de 2 600 m². Les nouveaux locaux de la juridiction ont été inaugurés par le Vice-président du Conseil d’État le 5 juillet 2010.